Interpeller nommément des directeurs artistiques réputés sur des affiches 4×3 et les placer sur leur chemin vers le travail : c’est l’idée osée de Musicbed, une entreprise américaine spécialisée dans la licence musicale.
Intitulée « Make Them Listen », cette audacieuse campagne print a été largement relayée sur les réseaux sociaux.
Objectif : capter l’attention de créatifs surbookés
Comment obtenir un rendez-vous avec les créatifs des meilleures agences publicitaires de Madison Avenue, quand on débute dans le milieu et qu’on a un tout petit carnet d’adresses ?
Telle est la question que s’est posée Musicbed.
L’objectif recherché : susciter l’intérêt de professionnels des médias, exigeants et déjà très sollicités, comme le souligne Daniel McCarthy, fondateur de Musicbed :
« Ces gens sont les plus occupés et les plus créatifs de la planète. On s’est donc demandé comment attirer leur attention. Ils travaillent dans la publicité donc ils ont déjà tout vu. »
Il ajoute : « Les directeurs artistiques vivent dans leur propre petit monde. C’est un étrange microcosme. Comment infiltrer leur réseau ? »
Réponse (culottée) : en les interpellant directement sur des panneaux d’affichage situés sur leur itinéraire quotidien.
Un médium grand public pour une cible restreinte
Affiches 4×3 dans le métro new-yorkais, billboards, posters dans les abris-bus : l’équipe Musicbed n’a pas lésiné sur les moyens (500 000$) pour « draguer » les directeurs artistiques qu’elle admirait le plus.
Elle s’est concentrée sur ceux travaillant dans ses agences favorites, notamment :
- Gerry Graf pour l’agence Barton F.Graf’s
- Frank Cartagena pour l’agence 360i
- Caleb Jensen pour l’agence Wieden + Kennedy
- …
Mais cette hyper personnalisation diffusée via le media de masse qu’est le print a une autre fonction.
En effet, Musicbed a l’habitude d’avoir un interlocuteur unique dans chaque agence (des entreprises qui comptent entre 500 à 1200 salariés).
L’affichage public est donc aussi un moyen de se faire connaître auprès des autres employés de ces agences.
Des accroches nominatives et décalées
Le succès de cette campagne d’affichage repose aussi sur la conception-rédaction.
Un texte misant sur l’auto-dérision, écrit noir sur blanc en gros caractères d’imprimerie. Ce minimaliste assumé du visuel amplifie l’impact des accroches savoureuses, qui jouent d’ailleurs beaucoup sur la proximité géographique de chaque affiche :
- « Les chances pour que Matt McCarron voient cette affiche sont plutôt bonnes »
- « Un homme est en route pour le travail, regarde un panneau publicitaire et voit une affiche rien que pour lui. Bonjour Andy Carrigan »
- Sur une affiche présente sur 6 vitrines alignées : « Caleb Jenson, statistiquement, vous devez voir 6 fois cette affiche avant de la remarquer »
- « Ne lisez pas ceci si vous n’êtes pas Gerry Graf, cette affiche est uniquement pour lui »
- « Seth Jacobs, nous espérons vraiment que vous n’êtes pas en vacances. Nous avons dépensé beaucoup d’argent pour cette affiche »
- « Est-ce qu’une entreprises dépenserait 7 490 $ juste pour être présenté à Sean Crane ? Oui. »
Carton plein sur les réseaux sociaux
La campagne Make Them Listen est une preuve probante de la complémentarité entre communication off line (campagne d’affichage urbain) et on line (web).
C’est en effet un pari réussi : l’une des cibles visées (Franck Cartagena) a posté l’affiche qui lui était adressée sur son compte Twitter avec un commentaire : « La meilleure affiche de métro que j’ai jamais vu, et je parle en toute objectivité».
A propos de Musicbed
Musicbed est une société texane de licence musicale.
Elle représente des artistes indépendants acceptant de mettre leurs créations à disposition des agences de communication, pour des fonds sonores de films publicitaires et institutionnels ou d’événements.
Et si chez SharePrint, nous avons comme beaucoup, apprécié l’originalité de cette campagne, nous aurions été curieux de voir sa réception de l’autre côté de l’Atlantique.